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Affichage des articles du avril, 2018

habit vert pale épisode 31 L’AVORTEMENT DANS LES ANNES SOIXANTE (suite)

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habit vert pale épisode 31 L’AVORTEMENT DANS LES ANNES SOIXANTE (suite) La voix de la surveillante suisse n'était pas celle d'un médecin marron, d'une avorteuse, c'était plutôt celle d'une religieuse. Elle portait en elle le vécu du drame de toutes ces femmes qui avaient souffert d'avortement. En rentrant de Suisse, j’allai m'inscrire au cours de contraception que commençaient à donner les pionniers du planning familial et j’appris à prescrire pilule et stérilet. Comme mon éducation chrétienne me posait des problèmes d'éthique, j’interrogeai longuement un de mes ainés, chef de clinique et catholique pratiquant, sur la position de l'Eglise vis-à-vis de la contraception et de la stérilisation tubaire.  - L'église ne peut accepter la pilule, dit-il avec un sourire d’ascète : c'est une mutilation temporaire par laquelle la femme se prive de son pouvoir de reproduction. La méthode Ogino par contre, abstention des rapports sexuels pendan

HABIT VERT PALE EPISODE 30

HABIT VERT PALE EPISODE 30 Dans les avortements tardifs, il fallait réduire le fœtus en morceaux car la tête, comme une boule de billard, se refusait parfois à descendre. Un jour, une de ces femmes arrive le teint bleu, respirant mal.  Sa tension s'effondre dans la salle des urgences, elle meurt en quelques instants. "Eau savonneuse" dira le chef de clinique, accouru aussitôt. Il faudrait au moins les avertir de ne plus faire cela... Je devais profiter du mois d'août suivant et de vacances près du lac Léman, pour visiter à Genève l'Hôpital Cantonal. Je demandai à voir les avortements.  Dans une grande salle, une salle de chirurgie normale, un interne faisait avec sa curette les mêmes gestes qu'à Paris.  Mais il ne ramenait qu'un peu d'écume rose, une sorte de mousse, presque rien. C'était propre, il n'y avait pas d'infection. -  Les seuls avortements tardifs que nous devons faire, dit gentiment la surveillante, ce

HABIT VERT PALE EPISODE 29

HABIT VERT PALE EPISODE 29 L’AVORTEMENT DANS LES ANNES SOIXANTE Il y avait encore à cette époque presque chaque jour à l'hôpital, et quel que soit l'hôpital, la longue cohorte des avortées à qui l'interne d'obstétrique devait faire un curetage.  Cela se passait le plus souvent en garde, en début d'après-midi, ou parfois la nuit, en urgence, quand la femme saignait trop.  L'avortement étant interdit par la loi, ces femmes se sentaient par définition coupables et mentaient sur tout : la date de leurs dernières règles, la quantité de sang perdu, la température du matin.  Elles arrivaient le plus souvent quand la fausse-couche était faite depuis plusieurs jours, le ventre plein de pus. C'était la sonde, mise en place par une sage-femme, sur le coin d'une table de cuisine pour trois mille francs, ou la queue de persil, la tige de lierre, ou pire, la pastille de permanganate placée dans le vagin qui faisait saigner et n'avortait pa