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Affichage des articles du janvier, 2018

HABIT VERT PALE EPISODE 18

RHUMATOLOGIE Hiver 1957. Je suis externe en rhumatologie à l'hôpital Cochin ; La polyclinique de rhumatologie doit ses bâtiments modernes à l'engouement qui suivit l'apparition de la cortisone, ce médicament miracle de l'après-guerre. On a vite déchanté. Après une amélioration brillante mais passagère, la maladie rhumatismale reprend, figeant l'une après l'autre les articulations dans des attitudes grotesques. Les malades cortisoniques prennent du poids, leurs joues s'arrondissent, leur squelette perd son calcium. J’ai pour interne une femme de cinq ans plus âgée que moi, Yvonne Pérol, grasse et courte, l'œil noir brillant, catholique mariée à un cardiologue et déjà mère de trois enfants qu'elle élève on ne sait comment, passant ses journées à l'hôpital. Cette petite femme au visage rayonnant dégage une formidable impression d'énergie, de puissance. Elle me confie : - Après mon stage en rhumatologie, je pars à Claude-Bernard, l'

HABIT VERT PALE EPISODE 17

L’INTERNAT Revient le temps des vacances. Penchée sur des livres, j’apprends et réapprends des questions d'internat. C'est bien autre chose que le précédent concours, trop facile. Il faut tout apprendre, parfaitement. Sur 1 500 candidats, 150 seront nommés Internes des Hôpitaux de Paris, ce titre si envié qui garantit la qualité d'un médecin. L'hiver passé, Je n'ai pas brillé dans les conférences de préparation au concours... Les candidats internes, par groupe de dix à quinze, se réunissent chaque semaine autour d'un chef de clinique réputé. Un des élèves doit écrire le sujet du jour ou "question", décrire une maladie et son traitement sans omettre un détail. Puis on fait un tour de table : les autres étudiants critiquent, jugent, complètent. Enfin, le chef de clinique reprend entièrement le sujet. En un français parfait (on y attache à l'époque de l'importance), il décrit la maladie, reprenant éventuellement certains termes utilis

HABIT VERT PALE EPISODE 16

Je suis mon interne en salle de garde dont je suis devenue une habituée, externe zélée de chirurgie, protégée par la sympathie de mes deux aînés. A la suite de Geneviève, je touche une à une l'épaule des collègues, embrasse sur la joue l'économe, contemple d'un œil blasé les fresques pornographiques noires et rouges de style Dubout qui couvrent les murs blancs. Le lendemain matin, les deux internes aident l'assistant Dupuy à opérer un cancer du poumon. Une fois de plus, je tiens les écarteurs. Trois heures debout, à tirer sur une branche de métal, sans voir grand-chose. Rudler absent (il s'absente souvent depuis quelques semaines) a délégué l'intervention à son équipe. Le lobe supérieur du poumon est enfin enlevé, les vaisseaux suturés. Il y a dans ce thorax qui respire et frémit comme un grand vide. Dupuy lève les yeux par-dessus ses lunettes et regarde Piwnica , cet homme de presque trente ans, qui prépare l'agrégation et pour cela passe des nu