Contes et Nouvelles Jeanine Henry Suchet

 LA PETITE FILLE ROUSSE EPISODE 23 Marianne serre sa poupée dans ses bras et la berce pour qu’elle n’ait pas peur. Elle lui chante dans sa tête une petite chanson :  -          Fais dodo Colin mon p’tit frère, fais dodo, t’auras du gâteau… -          Fais dodo, Dolly ma p’tite sœur, fais dodo t’auras … quoi ? qu’est-ce qui rime avec ma p’tite sœur ? t’auras tout mon cœur… Faut pas avoir peur… Elle rit, fière d’avoir trouvé toute seule la nouvelle chanson, elle serre sa poupée bien fort et finit par s’endormir, la tête contre la paroi de bois du tonneau. Les aboiements du chien la réveillent. Un bruit de moteur. Des voix qui parlent fort, puis un silence, ils sont entrés dans la maison.  Après un moment, le grincement du verrou dans la porte de la cave la réveille, un peu de jour par les tous du tonneau, des pas, très fort, les bottes des Allemands et Joseph qui dit :  -          Je peux vous faire goûter mon vin de l’année dernière, il n’est

JOYEUX NOËL CHERS AMIS ! 

 LA PETITE FILLE ROUSSE ÉPISODE 22 -          Berce ta poupée pour qu’elle n’ait pas peur, ajoute Rose, et sois bien sage, sans rien dire. Tâche de dormir : on viendra te chercher dès qu’ils seront partis. Joseph ferme le tonneau : des coups de maillet retentissent dans la tête de Marianne qui se trouve maintenant dans le noir. Le noir absolu, effrayant. En face de sa figure, il y a bien plusieurs petits trous ronds par lesquels entre un peu de jour gris et de l’air. Elle pleure, elle crie : -          Faut pas me laisser là, j’ai trop peur ! -          On peut pas faire autrement ma petite chérie, dit la voix de tata Rose. Pense à Hitler qui est si méchant, il te ferait brûler en enfer ! Je vais te laisser maintenant. Surtout ne dis rien, ne bouge plus, jusqu’à ce qu’on vienne te chercher ! Des pas qui s’en vont, les gros souliers de tonton Joseph, le frottement des savates de tata Rose, et puis la porte de la cave se referme, et c’est le noir comple

 LA PETITE FILLE ROUSSE ÉPISODE 21 Il prend l’enfant par la main, l’emmène dans la cave, jusqu’à un tonneau qui est derrière les autres et ne sert jamais. Marianne le connait, ce tonneau. Au moment des vendanges, on le sort pour amuser les enfants et elle y est déjà entrée, en octobre dernier, par la petite porte du devant. A l’intérieur, ça sent le bois, on est bien comme dans une maison. Mais aujourd’hui, le tonneau est au fond de la cave, tout dressé, on ne voit pas la petite porte. Joseph soulève Marianne très haut dans ses bras et la laisse retomber doucement dans le tonneau. Il éclaire l’intérieur avec sa lampe de poche. Il y a au fond un oreiller pour s’assoir. Tata Rose, qui avait suivi, tend à la petite fille sa poupée Dolly, un pot pour faire pipi, une bouteille à limonade qui contient de l’eau et un gros morceau de pain.  -          Il faudra rester là sans faire de bruit, surtout si tu entends des gens parler dans la cave. Si les Allemands te trouvent