HABIT VERT PALE EPISODE 29
HABIT VERT PALE EPISODE 29
L’AVORTEMENT DANS LES ANNES SOIXANTE
Il y avait encore à cette époque presque chaque jour à l'hôpital, et quel
que soit l'hôpital, la longue cohorte des avortées à qui l'interne
d'obstétrique devait faire un curetage.
Cela se passait le plus souvent en
garde, en début d'après-midi, ou parfois la nuit, en urgence, quand la femme
saignait trop.
L'avortement étant interdit par la loi, ces femmes se sentaient par
définition coupables et mentaient sur tout : la date de leurs dernières règles,
la quantité de sang perdu, la température du matin.
Elles arrivaient le plus
souvent quand la fausse-couche était faite depuis plusieurs jours, le ventre
plein de pus. C'était la sonde, mise en place par une sage-femme, sur le coin
d'une table de cuisine pour trois mille francs, ou la queue de persil, la tige
de lierre, ou pire, la pastille de permanganate placée dans le vagin qui
faisait saigner et n'avortait pas.
Ou pis encore, l'injection d'eau savonneuse
dont elles ne savaient pas les dangers car les bulles peuvent donner des
embolies mortelles.
Dans une petite salle dite "septique", où l'on ne prenait pas les précautions habituelles pour se laver et se vêtir, on endormait ces femmes à la hâte, après une injection de sérum antitétanique et la curette ramenait des flots de pus nauséabond.
J’ai vu un de mes collègues insulter la femme en la traitant de salope avant qu’elle soit endormie.
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